Les événements ayant marqué la ville, et ses résidents, dans la foulée de l'ouragan ayant frappé Tree Hill n'avait pas été sans souligner le manque de clairvoyance de certains d'entre eux. Il avait suffit de les voir paniquer, au plus fort de la tourmente, pour en déduire qu'ils ne disposaient pas d'un plan pour affronter un tel désastre. Pour ma part j'avais toujours des bouteilles d'eau et des conserves non périssables d'entreposées dans mon garage afin de pouvoir affronter l'imprévisible. Il faut dire que mon passé en tant que militaire m'avait sensibiliser à l'importance de se doter d'un plan d'urgence. Par moment je me disais que mes concitoyens  manquaient de clairvoyance mais bon ils en avaient suffisamment fait les frais il aurait été ignoble de ma part d'en ajouter une couche.

Ce matin je devais me rendre au Karen's Cafe afin de rencontrer un client et en chemin je reçu un message de ce dernier alors qu'il venait de me préciser qu'il devait remettre notre rendez-vous à un autre moment puisque son plus jeune fils était malade. Bien que je n'avais pas de famille je reconnaissais néanmoins son importance c'est pourquoi je m'étais permis de lui répondre que je comprenais. La dernière des choses à faire dans une telle situation étant de se mettre le client à dos.

Bien que mon planning de la journée venait de prendre un sacré coup je décidai néanmoins de me diriger vers le Karen's Café puisque je mourrais littéralement de faim. Me stationnant et sortant de mon véhicule afin de me diriger vers l'établissement je finis par m'immobiliser net en constatant une vision qui n'avait pas été sans me glacer le sang. Un mec venait d'enfermer son chien dans sa bagnole, la pauvre bête risquait fort de suffoquer si rien n'était fait pour améliorer sa qualité de vie.

Hey connard ! Tu sais que c'est ignoble d'enfermer ta bête de la sorte ? Je lui avais adressé ces quelques mots mais il avait décidé de m'ignorer alors je m'approchai de lui afin de lui poser la main sur l'épaule. C'est à toi que je parle sombre abruti. L'homme se retournant il décide de me bousculer et d'enfoncer son index dans mon torse. Vraiment il n'aurait pas du faire ça, une telle provocation n'allait pas demeurer sans réponse. Je me saisi donc de son poignet et lui pratiquant une torsion du bras je me permis ensuite de le projeter lourdement contre le sol à l'aide d'une de ces techniques de judo que l'on m'avait apprise dans l'armée. L'entendre se plaindre de douleur m'amusait mais bon ces jérémiades n'avaient pas été de nature à m'amadouer. Si tu avais été un meilleur maître pour ton chien nous en serions pas là. Lui dis-je tout en m'amusant à lui foutre des baffes derrières la tête. Alors tu comptes lever ton cul pour libérer ton animal ? Parce que tu sais te botter le derrière je peux le faire toute la journée. J'éclatai de rire en l'entendant me menacer de porter plainte à la police. Les flics ? T'es sérieux ? T'es conscient qu'en portant plainte contre moi tu devras raconter toute l'histoire et que les flics risquent également de t’arrêter pour maltraitance animale ? Je me mis à rigoler fort. Tu veux que j'appelle les flics pour toi ?

J'en conviens je n'aurais peut-être pas du lui flanquer une telle dérouillée mais c'était plus fort que moi. Tabasser un connard c'est trop dans mes cordes après tout.

Un jour comme les autres à Tree Hill. Cette ville simple et chaleureuse dans laquelle j’ai grandi me fait de la peine aujourd’hui. La reine mère, cette nature qui reprend ses droits, nous a salement amochés. Combien de temps allons nous mettre pour nous reconstruire ? Mon poignet à moi est en cours de rémission, je n’ai plus de plâtre. Je me remémore cette soirée, cette rencontre de Charley et de sa fille qui m’ont accueillie avec gentillesse. Moi et mon caractère de jeune femme bornée, il avait fallu que je traîne dehors alors que la tornade allait frapper notre ville de plein fouet. Comme dirait mon père : « ces animaux te tueront. » Il n’a peut être pas tord, les animaux sont tellement plus attachant que certains hommes, j’en ai fait ma cause. Je les défends coûte que coûte. Alors, quand j’observe cette scène qui se déroule sous mes yeux j’en reste bouche bée.

J’ai les bras chargés de courses, je bloque le passage à plusieurs passants mais ça m’est égal. Des éclaircissements de voix, des remontrances pour que je les laisse passer. Je me décale sans vraiment leur porter d’attention. Mon intérêt est porté sur un homme qui crie sur un autre et ce chien enfermé dans la voiture par ce dernier. Je m’approche et n’ai aucunement besoin de tendre l’oreille pour les écouter puisque le premier homme, musclé et qui ferait peur à plus d’un, crie sur le fautif.

Je ne peux m’empêcher d’afficher un sourire satisfait sur mes lèvres. Comme vous vous en doutez je suis de tout cœur avec ce costaud. Ne jamais laisser un animal enfermé surtout quand la température est supérieure à la moyenne. Mais je vois que la situation ne s’arrêtera pas là, pas sur quelques cris. Tout s’enchaîne assez vite, le propriétaire de l’animal s’emporte et l’autre homme ne se laisse pas faire. Il ne lache rien. Seulement ça dégénère, il ne devrait pas aller si loin il risque de se rapporter des ennuis. Tous les passants s’agglutinent autour d’eux mais bien évidemment personne ne bouge. C’est plus fort que moi, je laisse mes courses sur le trottoir et me dirige vers eux sans réfléchir, mon père serait encore mécontent mais je m’en fous.

Je me retrouve aux pieds des deux hommes ou l’un est à terre et le muscler au dessus de lui entrain de lui mettre des claques. Je tente de lui dire d’arrêter mais il ne semble pas m’écouter alors je pose ma main sur son avant bras qui maintient l’homme au sol. Je suis réellement de votre côté. Mais vous devriez arrêter, les flics vont débarquer et vous allez vous retrouver en garde à vue, il n’en vaut pas la peine ! je penche la tête et tente de capter son regard qui se veut pénétrant.

Voila ce qui avait fortement tendance à se produire lorsque je tabassais un type et que ce dernier pleurnichait sous les coups ; je ne savais plus trop m'arrêter. Il faut dire que dans la vie il est tellement plus valorisant de donner que de recevoir. La dérouillée qu'il se prenait de mes mains promettait de s'avérer pour le moins inoubliable, enfin pour cet homme qui la subissait, puis c'est alors que j'entendis une voix féminine m'interpeller. Sans trop savoir pourquoi j'avais décidé de lâcher cet homme, il faut dire que les arguments de la jeune femme étaient censés. Il était vrai que je risquais gros dans cette affaire puis si jamais je devais tombé sur un flic me jugeant sur la base de mon passé, et de mes erreurs de jeunesses, je risquais fort de me retrouver jugé et condamné sans même avoir l'opportunité de plaider ma défense.

Bien qu'elle avait raison je finis néanmoins par décrocher un dernier coup directement sur le nez du mec pour, ensuite, le laisser inerte sur le sol. Il faut dire qu'il l'avait bien mérité. « Vous avez raison sur toute la ligne mais, bon, je ne tolère pas la cruauté auprès de ces petits être sans défense. » Je n'étais pas forcément quelqu'un de mauvais, simplement que je ne dévoilais pas toujours facilement mes traits de caractères les plus appréciables. « Ce serait mal si je fracassais la vitre de la portière du véhicule afin de libérer cette petite boule de poils qui doit assurément suffoquer à l'intérieur ? » Je ne savais plus trop ce que je pouvais me permettre de faire en toute légalité donc je préférais m'en informer auprès de cette jeune femme. On est jamais trop prudent après tout.